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Gervais Charpentier
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Gervais Charpentier

Paris, 1805 - 1871, Paris
BiographyFather of Georges Charpentier.

Gervais-Hélène Charpentier, né le 2 juillet 1805 à Paris où il est mort le 14 juillet 1871, est un libraire et éditeur français, père du livre de poche.

Rien ne le prédestinait Gervais Charpentier, issu d'une famille de magistrats picards, au commerce des livres. Son père, Pierre Charpentier, avait choisi la carrière militaire. N'étant pas l'héritier d'une famille d'imprimeurs ou de libraires, il entre à l'âge de dix-neuf ans comme commis chez les libraires Lecointe et Durey, puis en 1828, chez Ladvocat, le « prince de la librairie romantique ». Son passage chez ce dernier, lui apporte une connaissance de premier ordre de ce genre nouveau qu'est le roman. En 1830, il s’établit comme libraire, galerie d'Orléans, au Palais-Royal, et il exploite également un cabinet de lecture au passage du Petit-Saint-Antoine.
Naissance de la collection moderne[modifier]

Comme tous les autres libraires et éditeurs de l'époque, il subit une crise de l'édition caractérisée à la fois par un cercle restreint d'acheteurs de livres et notamment de nouveautés, par la concurrence des éditeurs belges qui piratent les auteurs français à succès en les vendant moins cher et par celle de la presse qui prime alors pour la publication des romans en feuilletons.
Suite à l'échec de sa publication des œuvres d'Alfred de Vigny en 1837, il comprend et écrit que désormais « la loi du bon marché est devenue la condition de toute publication ». Les éditeurs belges avaient compris que la baisse du prix du livre résidait dans la baisse du prix du papier. Gervais Charpentier confie en 1837 à Eugène Roulhac, un imprimeur de la capitale, le soin d'obtenir un nouveau format permettant d'enfermer la matière de deux ou trois volumes in-8°, en utilisant un papier irréprochable. Ainsi, apparaît un nouveau format, le « format in-18 grand-jésus vélin », de dimensions 18,3 x 11,5 cm. (soit celles d'un livre de poche de la collection « Folio ») où l'espace typographique est rentabilisé au maximum de ses possibilités. Un format « compact » pouvant atteindre jusqu'à 500 pages de texte et permettant d'enfermer en un seul volume la matière de deux ou trois volumes in-octavo vendus entre 7 francs et 7,50 francs le volume et pour un prix moitié moindre et constant : 3,50 francs. Il prend soin également de recouvrir chaque volume de la collection d'une couverture jaune « serin ou beurre frais » en papier épais qui permet d'identifier visuellement la collection.
Sa collection, qui prend le nom de Bibliothèque Charpentier, est officiellement lancée au mois d'août 1838 avec la Physiologie du goût de Brillat-Savarin, suivie de la Physiologie du mariage de Balzac en octobre. Le succès immédiat rencontré auprès des lecteurs assure un développement rapide de la collection qui comprend déjà en 1841 tous les auteurs romantiques : Honoré de Balzac (toutes ses œuvres), Victor Hugo, Théophile Gautier, Alfred de Musset, George Sand, Germaine de Staël, Charles Nodier, Sainte-Beuve, etc.
Le développement de la « Bibliothèque Charpentier »[modifier]

Dès 1841, Gervais Charpentier va se consacrer entièrement à sa collection et, à partir de 1860, à la publication d'une revue, la Revue nationale et étrangère où collaborèrent Henri Brisson, Édouard Laboulaye, Pierre Lanfrey, Eugène Despois, etc. La création d'un nouveau format, reconnu comme « commode, élégant et portatif » par tous et répondant, dit l'éditeur Michel Lévy « aux goûts de tous » ne lui suffit pas. Dès 1841, son projet, qu'il exposera ensuite au Jury de l'Exposition lui décernant en 1857 un des prix pour les meilleures réalisations techniques et artistiques, est de faire : « une vraie Bibliothèque réunissant ou pouvant réunir toutes les productions de l'esprit humain dans leur immense variété » et de « fournir à l'histoire littéraire ses classiques modernes ». Il y parviendra en créant plusieurs collections ; après la « Bibliothèque française », des collections d'auteurs étrangers avec les « Bibliothèques » anglaise, italienne, allemande, espagnole et portugaise, puis les « Bibliothèques » philosophique, scientifique et chrétienne.
Après Gervais Charpentier, le monde de l'édition est contraint de s'aligner. Les autres éditeurs de l'époque vont tous tenter, dans les années 1850, de créer leur propre collection et d'abaisser encore le prix du livre. La concurrence sera forte lorsque apparaît, en 1853, la « Bibliothèque des chemins de fer » de Louis Hachette et, deux ans plus tard, la « Collection Michel Lévy » à 1 franc le volume.
À sa mort, ses exécuteurs testamentaires et amis, Georges Masson, Édouard Laboulaye et Ernest Lebaigue, cèdent, selon ses volontés l'entreprise à Edmond Villetard1. En 1872, celui-ci se désiste et laisse l'entreprise à Georges, fils unique de Gervais. Il continuera de publier la « Bibliothèque Charpentier ». Devenant l'éditeur attitré d'Émile Zola, il y publiera toutes ses œuvres avec grand succès et continuera la publication de celles des Goncourt, de Flaubert, de Daudet et de bien d'autres2.
En 1883, suite à de mauvais placements immobiliers, Georges s'associent à Charles Marpon et Ernest Flammarion. En 1893, Eugène Fasquelle, le genre de Marpon, reprend le fonds et l'intègre à sa maison d'édition3.
Voir aussi[modifier]

Bibliothèque Charpentier
Georges Charpentier
Eugène Fasquelle
Notes et références[modifier]

? Charles-Edmond Villetard de Prunières, son neveu par alliance en épousant Aline Charpentier, rédacteur au Moniteur Universel, directeur des Journaux Officiels.
? Sur les relations de Gervais Charpentier avec ses auteurs, voir : L. de Hessem, « Le cinquantenaire de la Bibliothèque Charpentier », dans Le livre, revue du monde littéraire, archives des écrits de ce temps, IX, 1888, p. 233-249.
? Jean-Yves Mollier, in Dictionnaire encyclopédique du Livre, Cercle de la Librairie, 2003, p. 508, §2.
Sources[modifier]

Angelo De Gubernatis, Dictionnaire international des écrivains du jour, Florence, L. Niccolai, 1891.
« Gervais Charpentier », dans Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, 15 vol., 1863-1890 [détail de l’édition].
Isabelle Olivero, L'Invention de la collection. De la diffusion de la littérature et des savoirs à la formation du citoyen au xixe siècle, IMEC/Maison des Sciences de l'Homme, 1999.
Isabelle Olivero, L'Invention de la collection au xixe siècle. Le cas de la Bibliothèque Charpentier (1838) et de la Bibliothèque nationale (1863), thèse de doctorat d'histoire, sous la direction de Roger Chartier, École des hautes études en sciences sociales, 1994.
Dominique Kalifa (dir.), « Bibliothèques et collections au xixe siècle : essai de périodisation comparée », dans Revue d'histoire du xixe siècle, Aspects de la production culturelle au xixe siècle, no 19, 1999, p. 65-76 [lire en ligne].
Person TypeIndividual
Last Updated8/7/24